ALEXANDRE « BUCK » CHOQUETTE, TROUVEUR D'OR
Enfin! Voici la traduction française d’un document inédit – parce que non publié par l’auteur Henry W. Clark – et qui raconte la vie trépidante d’Alexandre « Buck » Choquette. Un ancêtre des familles Choquette, inconnu jusqu’à maintenant, qui consacra sa vie à chercher et… à trouver de l’or bien avant tout le monde, le véritable pionnier du Klondike. Le document original en anglais intitulé Buck Choquette Stampeder© (153 feuillets polycopiés) peut être obtenu à la Bibliothèque Rasmuson de l’Université d’Alaska à Fairbanks ou à la Bibliothèque de Wrangell, Alaska.
Photographie authentifiée de Buck Choquette (au
centre) prise à Dawson en 1897, un an avant sa mort.
Il est alors âgé de 68 ans. Elle provient des archives de l'Alaska State
Library et porte le numéro PCN 34-133.
PRÉSENTATION
« Pour juger le passé,
il aurait fallu le vivre.
Pour le condamner,
Il ne faudrait rien lui devoir ».
Alexandre « Buck »
Choquette est l’un des personnages les plus passionnants de l’histoire
de la découverte de l’Ouest.
La vie d’Alexandre Choquette n’a rien de banal. Car, c’est justement en s’arrachant
à la banalité de la vie quotidienne du Québec rural du milieu du XIXe siècle,
que le jeune Alexandre se lança, avec toute la fougue de sa jeunesse, dans l’aventure
de sa vie qui sera faite de courage et de l’énergie du courage.
Une vie épique, qui le fera cavaler d’une ruée vers l’or à l’autre, durant les
cinquante années qu’auront duré les stampedes en Amérique, soit de 1849 en Californie
jusqu’au Klondike de 1898.
Alexandre « Buck » Choquette trouva beaucoup plus que de l’or :
il trouva une famille, des amis, une rivière magnifique, la région du Cassiar,
l’Ouest et la liberté. Il alla au bout de sa quête, aux confins de son rêve.
Il est issu d’une famille de la petite bourgeoisie locale, fils de Julien
Choquet et Magdeleine Rastoule
dit Vadeboncoeur.
Ce que le récit de l’auteur, Henry W. Clark nous apprend, c’est qu’il a quitté
son village, à pied, un matin de 1849, à l’âge de vingt ans et qu’il s’est d’abord
rendu à Montréal pour y travailler, avant d’entreprendre le voyage qui le mènera
d’abord à Winnipeg, puis à Duluth au Minnesota pour enfin atteindre Independence
au Missouri. Car c’était là précisément que se formaient les nombreux convois
de chariots en partance pour la Californie.
Arrivé sur les rives du Sacramento, il s'initia au métier de la prospection
minière au milieu des centaines, voire des milliers d'orpailleurs qui se pilaient
littéralement sur les pieds et qu'on appelle depuis, « ceux de 49 »
ou les « forty-niners ».
Dès lors, Alexandre commença à ressentir très intensément, l'appel du Nord.
Il décida donc de monter jusqu'en Oregon puis en 1858, il se rendit dans la
vallée du fleuve Fraser en Colombie-Britannique où les trompettes de la découverte
d'or s'étaient fait entendre. Là encore, la trop grande foule de rêveurs en
quête de fortune subite, le pousse à aller voir ailleurs. Son intuition lui
dicte de se diriger encore plus au Nord, toujours plus au Nord.
C'est à Victoria qu'il convainc une bande d'Indiens de le prendre à bord de
leur immense canot. Ils pagayeront durant deux semaines, en pleine mer, avant
d'accoster sur l'île de Wrangell, terme du voyage. Alexandre est très bien accepté
dans la tribu des Tlingits qui deviendra vite sa deuxième famille puisqu'il
mariera la fille du Chef, de qui il aura plusieurs enfants.
En août 1861, Alexandre et Georgiana son épouse, accompagnés d'une douzaine
de braves, quittent Wrangell et pénètrent dans la rivière Stikine. L'année suivante,
Alexandre Choquette allait devenir le premier trouveur d'or de la région ; c'était
trente-six ans avant l'heure de ce qui provoquerait la plus grande ruée vers
l'or de tous les temps.
Au cours des années qui suivirent et, jusqu'à sa mort en 1898, Alexandre Choquette,
plus communément appelé « Buck », se fera tour à tour prospecteur,
découvreur, négociant puis homme d'affaires sans jamais renier sa profession
première, celle de fervent rêveur. C'est lui, en effet, qui a découvert et ouvert
la grande région du Cassiar. Il s'adonna aussi au négoce pour le compte de la
Compagnie de la Baie d'Hudson mais après quelques démêlés avec des patrons tellement
différents de lui, il se fera lui-même négociant en ouvrant son propre magasin
général.
Buck Choquette était un personnage populaire et respecté de tous. Populaire,
parce qu'il aimait bien faire la « une » du British (Victoria) Colonist
où un journaliste et ami rapportait ses faits et gestes. Il était respecté de
tous, entre autres, parce qu’il avait eu l'intelligence d'apprendre rapidement
le jargon Chinook, la langue de commerce entre Indiens et Blancs, formée de
l'influence réciproque des langues coloniales européennes, telles l'anglais,
l'espagnol, le portugais, le russe et le français. Il a donc ainsi pu exprimer
ses idées pacifiques et se faire comprendre de tous par exemple, dans la guerre
qu'il mena personnellement contre l'alcool, dans le seul but de sauvegarder
la paix.
Le progrès faisant des percées jusque dans ces régions isolées, Buck vit apparaître
les tout premiers fils du télégraphe, système qui allait contribuer à l'essor
et au rayonnement de ce nouveau coin de pays. Un jour, flairant la bonne affaire,
il mit sur pieds une saunière de saumons, le nouvel or, quand le précieux métal
venait à se faire rare. Véritable pionnier de la frontière « frontiersman »,
il viendra à Ottawa en 1886, à bord des tout premiers trains qui unissaient
maintenant le pays, pour plaider sa cause qui faisait contentieux dans le tracé
de la frontière entre le Canada et les États-Unis depuis que les américains
s'étaient portés acquéreurs de l'Alaska russe.
Puis soudain, la mort de sa femme, suivie quelques années
plus tard de la mort de l'un de ses fils, secouèrent profondément cet homme
au tempérament pourtant rompu à l'épreuve. Grâce à son courage et à son énergie
phénoménale, il rebondira pour entreprendre, à presque 70 ans, ce qui deviendra
son ultime stampede. Il se rendra effectivement au Klondike où il ouvrira un
magasin général. En juin 1898, le romancier Jack London qui avait demandé à
rencontrer un authentique chercheur d'or, est conduit au chevet de Buck Choquette
qui se mourait sur un lit d'hôpital à Dawson.
Ce petit homme trapu, à la moustache touffue et au tempérament fougueux, vêtu
de son inséparable peau de caribou, est l'une des figures légendaires dans l'aventure
de l'Ouest. Parti à pied, de l'Est, il viendra découvrir et ouvrir l'Ouest du
nouveau continent. Il n'est pas le seul à avoir forgé l'histoire de ce pays
mais il en est certainement un personnage des plus passionnants.